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Nous avons reçu, nous traduisons et publions (texte à débattre)
/ Guerre de Classe / Vous pouvez lire ci-dessous la contribution des camarades de Proletarios Hartos de Serlo [PHS] [« Des Prolétaires Qui En Ont Marre de l’Être »] de la région équatorienne à la discussion sur le défaitisme révolutionnaire. Bien qu’il y ait des points que nous aimerions développer davantage ou que nous désapprouvons, nous trouvons le texte très inspirant et il fournit un bon matériel sur la manière de développer la discussion sur le défaitisme révolutionnaire et toutes ses conséquences pratiques.
L’un des points importants du texte est la discussion sur l’invariance du défaitisme révolutionnaire. Nous voudrions préciser que si nous parlons de « l’invariance » du défaitisme révolutionnaire, c’est avant tout pour opposer cette position au révisionnisme afin de souligner la continuité et la détermination de la lutte prolétarienne. Nous assistons à une nouvelle vague de ce révisionnisme représenté par diverses sectes de la social-démocratie (léninistes, « anarchistes », etc.) en ce qui concerne la position contre la guerre. En se basant sur une réinterprétation des fondements de la guerre capitaliste, sur la prétendue réalité différente d’une région particulière, sur une « nature différente » de l’État bourgeois d’Ukraine ou de Palestine, ces groupes appellent par conséquent à une lutte prolétarienne différente et à une pratique, des objectifs, des intérêts, des tactiques différents… Ils tentent de rendre le défaitisme révolutionnaire conditionnel, applicable dans certaines situations et pas dans d’autres, une position qui serait selon eux à discuter en fonction des circonstances.
Alors oui, c’est en opposition à de telles positions que nous affirmons que le défaitisme révolutionnaire est une position « invariante » du prolétariat contre la guerre, non pas parce que « la gauche communiste historique le dit » mais parce qu’il a toujours été la seule réaction possible de notre classe au massacre bourgeois, parce que c’est ce que nous avons appris de la pratique historique du prolétariat.
Soulignons également que pour nous, le défaitisme révolutionnaire est « invariant » quant au contenu, mais pas quant à ses formes, ses actions concrètes, ses méthodes et ses tactiques, car celles-ci dépendent évidemment des différentes conditions matérielles du prolétariat dans telle ou telle guerre bourgeoise, dans telle ou telle situation concrète.
Cependant, nous sommes d’accord avec les camarades de PHS pour dire que l’idéologie de « l’invariance », telle qu’elle a été mise en avant principalement par l’auto-proclamée« gauche communiste », n’a pas grand-chose en commun avec le matérialisme dialectique. Le programme communiste n’a pas été écrit une fois pour toutes par quelques chefs de parti « géniaux » qui apporteraient la conscience au prolétariat (toujours de l’extérieur, cf. Kautsky, Lénine). Au contraire, il est le résultat d’une synthèse, d’une abstraction et d’une généralisation de la pratique du prolétariat, de sa lutte contre l’exploitation. Et s’il en est ainsi, il continue à être développé, clarifié, formulé théoriquement et pratiquement.
Pour nous, le défaitisme révolutionnaire est fondé sur le fait que le prolétariat n’a pas de patrie et cette consigne est la thèse essentielle et immuable du mouvement communiste déterminant toutes les directions pratiques possibles. Ce fait n’a pas été inventé par un théoricien « prodigieux », ce n’est pas quelque chose d’extérieur à notre classe, que nous devrions faire « comprendre », que nous devrions « enseigner » au prolétariat, parce qu’il exprime la réalité, la pratique du prolétariat et c’était le cas avant même qu’il ne soit formellement exprimé, théoriquement élaboré par les militants communistes.
Le prolétariat est un être historique qui se définit par sa pratique en opposition aux nations bourgeoises, aux États (à L’État !) et à l’ensemble du mode de production bourgeois. Son existence même est en opposition avec les nations et les États. Son existence même contient en germe l’abolition de toutes les nationalités, de toutes les frontières et de tous les États. Le prolétariat révolutionnaire existe en tant que négation du capital, en tant que son fossoyeur et toutes ses tâches programmatiques sont contenues négativement dans le capital lui-même.
En résistant aux différentes tentatives bourgeoises de l’entraîner dans les massacres de la guerre, en refusant d’être transformé en chair à canon, en luttant contre les sacrifices de l’économie de guerre, le prolétariat, s’il agit pour ses intérêts réels et non pour les intérêts de la bourgeoisie, a toujours exprimé des positions défaitistes révolutionnaires, sans même savoir qu’elles étaient théoriquement développées par différents militants et groupes.
Pour nous, ce n’est donc pas telle ou telle théorie qui confirme le défaitisme révolutionnaire comme la juste et unique réponse du prolétariat à toute guerre bourgeoise. Au contraire, en tant que communistes, nous tirons la leçon du défaitisme révolutionnaire de la pratique prolétarienne. Et cette leçon, notre compréhension de la manifestation pratique de cette lutte, nos tentatives d’abstraire et de généraliser les expressions concrètes de cette lutte et de les placer dans le cadre du projet révolutionnaire de notre classe, ne sont nécessairement jamais parfaites, jamais complètes, et il en sera ainsi jusqu’à la réalisation de la révolution.
En d’autres termes, l’antagonisme entre capitalisme et communisme est « invariant », il est permanent. Le capital est une réalité mondiale, le communisme est un mouvement universel, et l’internationalisme est un élément décisif dans la pratique du prolétariat. Nos tentatives d’expression théorique sont nécessairement imparfaites et inachevées, confuses ou parfois simplement erronées. Notre tâche est donc de les clarifier, de les développer dans le but de se diriger vers la transformation de la guerre bourgeoise en guerre de classe, vers la victoire du communisme, la construction de la communauté humaine. Telle est la contradiction entre le programme « invariant » et les thèses théoriques en constante évolution des communistes.
Cela nous amène à la question posée par les camarades de PHS sur le rôle des minorités révolutionnaires, sur ce que nous pouvons et ce que nous devons faire dans la situation actuelle pour soutenir le développement du défaitisme révolutionnaire. Nous sommes en effet d’accord avec le texte qu’il s’agit d’une question cruciale que nous devons continuer à discuter et à développer, malgré toutes les difficultés que nous avons traversées, au sein de notre communauté de lutte, avec les prolétaires radicaux en rupture avec l’idéologie capitaliste de la paix et de la guerre bourgeoises.
GdC.
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